« Pourquoi tu n’indiques pas les calories ou les valeurs nutritives dans tes recettes ? »
C’est une question que l’on me pose souvent.
Je comprends tout à fait l’intérêt de connaître les valeurs nutritives d’un plat, surtout si vous vivez avec une condition de santé comme le diabète, ou si vous avez des objectifs sportifs spécifiques. Dans certains contextes, ces informations peuvent être très utiles.
Mais afficher les valeurs nutritionnelles n’est pas toujours neutre. Selon comment on les lit, et surtout dans quel état d’esprit on les reçoit, ces chiffres peuvent faire plus de mal que de bien.
Un déclencheur pour les personnes ayant une relation troublée avec la nourriture
La majorité des personnes que j’accompagne sont des femmes qui ont un long historique de diètes et une relation compliquée avec l’alimentation. Plusieurs sont en démarche pour retrouver une relation plus saine avec leur corps, apprendre à écouter leurs signaux internes (comme la faim, la satiété, la satisfaction) et se faire confiance de nouveau. Certaines vivent avec un trouble alimentaire ou s’en remettent.
Dans ce contexte, afficher les calories, les grammes de gras ou de sucre peut être un déclencheur. Ces chiffres peuvent raviver des pensées anxiogènes, entraîner une culpabilité inutile ou encourager des comportements restrictifs. Tout ce qu’on essaie d’éviter dans une démarche de bienveillance envers soi!
Valeur nutritive : une information souvent mal interprétée
Prenons un exemple concret : une recette de gruau. Si on s’arrête uniquement au chiffre « 40 g de glucides », certaines personnes pourraient penser : « Oh non, c’est beaucoup trop ! » et l’éviter complètement. Pourtant, cette réaction est fondée sur une peur souvent transmise par les diètes restrictives, où les glucides sont diabolisés.
Mais en réalité, le gruau est un aliment nourrissant et rassasiant :
- Il est riche en fibres solubles, qui soutiennent la santé digestive et aident à stabiliser la glycémie
- Il apporte des glucides complexes, notre principale source d’énergie
- Il peut facilement être bonifié avec des protéines (yogourt, graines, noix, boisson de soya), des bons gras et des fruits pour en faire un repas complet
Bref, ce n’est pas juste une histoire de chiffres. Ce qui compte, c’est l’ensemble du repas, le contexte et comment on se sent après l’avoir mangé.
Encourager une autre façon de se nourrir
Mon objectif est d’inspirer une façon de manger qui repose sur la connexion à soi, la variété, la satisfaction et la simplicité. Je crois qu’on peut apprendre à bien manger sans avoir à tout mesurer.
Cela ne veut pas dire que les connaissances nutritionnelles ne sont pas importantes, au contraire! Comprendre que les glucides sont utiles, que les lipides ont leur place, que les protéines nous soutiennent, c’est essentiel. Mais l’application de ces notions peut se faire sans calcul constant.
Et surtout, l’alimentation intuitive ne signifie pas manger n’importe quoi, n’importe comment. C’est apprendre à s’écouter, à s’observer, à se faire confiance… et à laisser un peu plus d’espace à notre ressenti au lieu d’intellectualiser l’acte de manger.
Du temps mieux investi
Une autre raison bien simple pour laquelle je ne fournis pas ces données : ça prend beaucoup de temps à calculer ! Et ce temps-là, j’ai choisi de le consacrer à créer plus de recettes simples, délicieuses et inspirantes (je l’espère). C’est ce qui me passionne, et c’est là où je sens que je peux faire une vraie différence dans votre quotidien.
Et si vous avez besoin des valeurs nutritives…
Si vous avez une raison spécifique ou médicale de connaître les valeurs nutritives d’une recette, sachez que c’est tout à fait possible de les calculer vous-même à l’aide d’outils fiables. Le Fichier canadien des éléments nutritifs (FCEN) est une excellente ressource gratuite. Il suffit d’additionner les données des ingrédients utilisés selon les quantités.
En conclusion
Je ne crois pas que les chiffres soient mauvais. Tout dépend de l’intention avec laquelle on les utilise. Mais dans ma pratique, je priorise une approche qui soutient la réconciliation avec la nourriture, la bienveillance envers soi et l’autonomie alimentaire.
Je prends donc cette décision en ayant bien pesé les avantages et les inconvénients de chaque option, en sachant que peu importe le choix, il ne pourra pas convenir à tout le monde. Pour la majorité des personnes qui me suivent, je crois sincèrement que de ne pas afficher les valeurs nutritives apporte plus de bien que de tort.
